Page:Racine - Œuvres, tome 1, 1679.djvu/292

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NARCISSE.

Ouy. Mais, Seigneur, ce n’eſt pas en ces lieux
Qu’il faut développer ce myſtere à vos yeux.

Sortons. Qu’attendez-vous ?

BRITANNICUS.

Ce que j’attens, Narciſſe ?
Helas !

NARCISSE.

Expliquez-vous.

BRITANNICUS.

Si par ton artifice,
Je pouvois revoir…

NARCISSE.

Qui ?

BRITANNICUS.

J’en rougis. Mais enfin
D’un cœur moins agité j’attendrois mon deſtin.

NARCISSE.

Apres tous mes diſcours vous la croyez fidelle ?

BRITANNICUS.

Non, je la croy, Narciſſe, ingrate, criminelle,
Digne de mon courroux. Mais je ſens malgré moy,
Que je ne le croy pas autant que je le doy.
Dans ſes égaremens mon cœur opiniaſtre
Luy preſte des raiſons, l’excuſe, l’idolâtre.
Je voudrois vaincre enfin mon incredulité,
Je la voudrois haïr avec tranquillité.
Et qui croira qu’un cœur ſi grand en apparence,
D’une infidelle Cour ennemy dés l’enfance,
Renonce à tant de gloire, & dés le premier jour
Trame une perfidie, inoüie à la Cour ?

NARCISSE.

Et qui ſçait ſi l’Ingrate en ſa longue retraite
N’a point de l’Empereur medité la défaite ?
Trop ſeure que ſes yeux ne pouvoient ſe cacher