Page:Racine - Abrégé de l’histoire de Port-Royal, éd. Gazier, 2e éd.djvu/110

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fourberie, prétendant qu’au lieu de la petite Perrier elles montraient une sœur qu’elle avait, et qui était aussi pensionnaire dans cette maison. Tantôt ils assuraient que ce n’avait été qu’une guérison imparfaite, et que le mal était devenu plus violent que jamais ; tantôt que la fluxion était tombée sur les parties nobles, et que la petite fille en était à lʼextrémité. Je ne sais point positivement si M. Félix eut de nouveaux ordres de la cour de s’informer de ce qui en était ; mais il paraît, par une seconde attestation signée de sa main, qu’il retourna encore à Port-Royal, et qu’il certifia de nouveau et la vérité du miracle et la parfaite santé où il avait trouvé cette demoiselle.

Enfin il parut un écrit, et personne ne douta que ce ne fût du Père Annat, avec ce titre ridicule : Le Rabat-joie des jansénistes, ou Observations sur le miracle quʼon dit être arrivé à Port-Royal, composé par un docteur de l’Église catholique. L’auteur faisait judicieusement d’attester qu’il était catholique, n’y ayant personne qui, à la seule inspection de ce titre, et plus encore à la lecture du livre, ne lʼeût pris pour un protestant très envenimé contre lʼÉglise. Il avait assez de peine à convenir de la vérité du miracle ; mais enfin, voulant bien le supposer vrai, il en tirait la conséquence du monde la plus étrange, savoir que Dieu voyant les religieuses infectées de l’hérésie des cinq propositions, il avait opéré ce miracle dans leur mai-