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Page:Racine - Abrégé de l’histoire de Port-Royal, éd. Gazier, 2e éd.djvu/160

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annoncer quelque nouvelle affligeante. Tantôt on lui disait que le lieutenant civil était dans la clôture avec des maçons pour faire murer jusqu’aux portes par où entraient les charrois pour les nécessités du jardin et de la maison ; tantôt que ce même magistrat faisait, avec des archers, des perquisitions dans les maisons voisines, pour voir si quelques-uns des confesseurs n’y seraient point cachés. Une autre fois, qu’on viendrait enlever et disperser toutes les religieuses. Mais elle demeurait toujours dans le calme, ne permettant jamais qu’on se plaignît même des jésuites, et disant toujours : « Prions Dieu pour eux et pour nous. » Cependant, comme il était aisé de juger par tous ces traitements extraordinaires qu’il fallait qu’on eût étrangement prévenu l’esprit du roi contre la maison, on crut devoir faire un dernier effort pour détromper Sa Majesté. Toute la communauté s’adressa donc à la Mère Angélique, et on l’obligea d’écrire à la reine mère, dont elle était plus connue que du roi, et qui avait toujours conservé beaucoup de bonté pour M. d’Andilly, son frère. Comme cette lettre a été imprimée[1], je n’en rapporterai ici que la substance. Elle y représentait une partie des bénédictions que Dieu avait répandues sur elle et sur son monastère, et entre autres, le bonheur qu’elle avait eu

  1. Et réimprimée, au tome III, lettre 1039.