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la vérité est que depuis ce temps-là il les traita assez doucement ; il faisait même assez volontiers ce qu’il pouvait pour les consoler dans l’affliction où il les voyait, et pour cela il leur apportait quelquefois des cantiques spirituels dont il avait fait les airs et les paroles, et voulait les leur faire chanter à la grille.

Cependant le formulaire commençait à exciter beaucoup de troubles. Plusieurs évêques refusèrent de le faire signer dans leurs diocèses, et écrivirent au roi pour se plaindre des entreprises du clergé, qui, méritant à peine le nom de simple synode, prétendait s’ériger en concile national, prescrivait des formules de foi, et décernait des peines contre les prélats qui refuseraient de se soumettre à ses décisions. Le premier qui écrivit fut messire Nicolas Pavillon, évêque d’Aleth, qui était alors regardé comme le saint Charles de l’Église de France. Il y avait vingt-deux ans qu’il était évêque, et depuis ce temps-là il n’était jamais sorti de son diocèse que pour assister aux États de la province.

Le grand amour pour la résidence joint à la sainteté extraordinaire de sa vie et à un zèle ardent pour la discipline le faisait dès lors traiter de janséniste. Il avait été néanmoins dans l’opinion qu’on devait aux constitutions une soumission pleine et entière, sans aucune distinction du fait et du droit. Mais il rapporte lui-même, dans une lettre qu’il écrivit à M. de Péré-