Page:Racine - Abrégé de l’histoire de Port-Royal, éd. Gazier, 2e éd.djvu/196

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lui-même chez elles, et n’avait rien oublié, tant que dura sa visite, pour les engager à se soumettre à son mandement sur le formulaire.

Sa première entrée dans cette maison fut fort pacifique : il en admira la régularité ; et, non content d’en témoigner sa satisfaction de vive voix, il le fit même par un acte signé de sa main. En un mot il déclara aux religieuses qu’il ne trouvait à redire en elles que le refus qu’elles faisaient de signer le formulaire ; et sur ce qu’elles lui représentèrent que ce refus n’était fondé que sur la crainte qu’elles avaient de mentir à Dieu et à l’Église en attestant un fait dont elles n’avaient aucune connaissance, il leur répéta plusieurs fois une chose qu’il s’est bien repenti de leur avoir dite, c’est à savoir : « Qu’elles feraient un fort grand péché de signer ce fait si elles ne le croyaient point ; mais qu’elles étaient obligées d’en avoir la créance humaine qu’il exigeait par son mandement. » Là-dessus il les quitta, en leur disant qu’il leur accordait un mois pour faire leurs réflexions, et pour profiter des avis de deux savants ecclésiastiques qu’il leur donnait pour les instruire.

Ces deux ecclésiastiques étaient M. Chamillard, vicaire de Saint-Nicolas-du-Chardonnet, qu’il leur donna même pour être leur confesseur, et le Père Esprit, Père de l’Oratoire. Il ne pouvait guère choisir deux hommes moins propres à travailler de concert