Page:Racine - Abrégé de l’histoire de Port-Royal, éd. Gazier, 2e éd.djvu/198

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regardait le fait, un respect et un silence convenables à leur ignorance et à leur état.

L’archevêque, fort surpris de la fermeté de ces filles, vit bien qu’il s’était engagé dans une affaire assez fâcheuse, et d’autant plus fâcheuse que les monastères des religieuses n’ayant point été compris dans la dernière déclaration du roi sur le formulaire, il n’était pas en droit de les forcer à signer. Mais, excité par les instances continuelles du Père Annat, qui ne cessait de lui reprocher sa trop grande indulgence, et d’ailleurs justement rempli de la haute idée qu’il avait de sa dignité, il crut qu’il y allait de son honneur de n’avoir pas le démenti. Il résolut donc d’en venir à tout ce que l’autorité peut avoir de plus terrible. Il se rendit à Port-Royal ; et ayant fait venir à la grille toute la communauté, comme il vit leur résolution à ne rien changer à la signature qu’elles lui avaient fait offrir, il ne garda plus aucunes mesures. Il les traita de rebelles et d’opiniâtres, et leur dit cette parole qu’il a depuis répétée en tant de rencontres : « Qu’à la vérité elles étaient pures comme des anges, mais qu’elles étaient orgueilleuses comme des démons ; » et sa colère s’échauffant à mesure qu’on lui alléguait des raisons, il descendit jusqu’aux injures les plus basses et les moins séantes à un archevêque, et finit en leur défendant d’approcher des sacrements. Après quoi il sortit brusquement, pour n’être pas témoin de