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laquelle ce pape, par une politique raffinée, décide ce qu’on ne lui demandait point, et ne décide pas ce qu’on lui demande. C’est là l’époque du commencement d’une foule de maux qui ont accablé la France, et l’origine de la dernière persécution de Port-Royal, qui a enfin abouti au renversement de cette sainte maison.

1706. — La bulle est présentée aux religieuses de Port-Royal quoique ni le pape, ni les évêques, ni le roi n’en eussent ordonné la signature ; et on exige d’elles un certificat qu’elle a été lue en présence de la communauté, avec une lettre de l’abbesse. La bulle fut lue le 21 mars, M. Marignier l’attesta ; et l’abbesse écrivit en ces termes à M. de Noailles. « M. Marignier nous la vient de lire à la grille, et nous l’avons reçue avec le respect dû à Sa Sainteté et à Son Éminence, sans déroger à ce qui s’est fait à l’égard de ce monastère à la paix de l’Église sous Clément IX. Cette clause, que les religieuses n’avaient ajoutée que par délicatesse de conscience, clause qui était la preuve de leur innocence et de leur persévérance dans les sentiments et les dispositions qui avaient été approuvés en 1669, et en conséquence desquels elles avaient été rétablies dans la participation des sacrements à la paix de l’Église ; cette clause, dis-je, a été l’unique prétexte de la cruelle persécution qu’on a faite à ces saintes filles, de leur dispersion, et enfin du renversement du sanc-