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un ordre de religieux plus retirés et encore plus austères que les chartreux ; puis il jugea plus à propos que ce fût un ordre de filles. Sa première vue pour ces filles était qu’elles fussent extrêmement pauvres, et que, pour mieux honorer le profond abaissement de Jésus-Christ dans l’eucharistie, elles portassent sur leur habit toutes les marques d’une extrême pauvreté. Ensuite il imagina qu’il fallait attirer la vénération du peuple par un habit qui eût quelque chose d’auguste et de magnifique. Mais la Mère Angélique désira que tout se ressentît de la simplicité religieuse. Il avait fait divers autres règlements, dont la plupart eurent besoin d’être rectifiés.

La Mère Angélique, voyant ces incertitudes, eut un secret pressentiment que cet ordre ne serait pas de longue durée. Mais la bulle étant arrivée, où elle était nommée supérieure, et où il était ordonné que ce seraient des religieuses tirées de Port-Royal qui en commenceraient rétablissement, elle se mit en devoir d’obéir. La bulle nommait aussi trois supérieurs, savoir : M. de Gondy, archevêque de Paris ; M. de Bellegarde, archevêque de Sens, et l’évêque de Langres. Mais ce dernier, comme fondateur, et d’ailleurs étant grand directeur de religieuses, eut la principale conduite de ce monastère. La Mère Angélique entra donc avec trois de ses religieuses et quatre postulantes dans la maison destinée pour cet institut.