Page:Racine - Abrégé de l’histoire de Port-Royal, éd. Gazier, 2e éd.djvu/62

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Une des choses qui rendait cette maison plus recommandable, et qui peut-être aussi lui a attiré plus de jalousie, c’est l’excellente éducation qu’on y donnait à la jeunesse. Il n’y eut jamais d’asile où l’innocence et la pureté fussent plus à couvert de l’air contagieux du siècle, ni d’école où les vérités du christianisme fussent plus solidement enseignées. Les leçons de piété qu’on y donnait aux jeunes filles faisaient d’autant plus d’impression sur leur esprit qu’elles les voyaient appuyées, non seulement de l’exemple de leurs maîtresses, mais encore de l’exemple de toute une grande communauté, uniquement occupée à louer et à servir Dieu. Mais on ne se contentait pas de les élever à la piété ; on prenait aussi un très grand soin de leur former l’esprit et la raison, et on travaillait à les rendre également capables d’être un jour ou de parfaites religieuses ou d’excellentes mères de famille. On pourrait citer un grand nombre de filles élevées dans ce monastère qui ont depuis édifié le monde par leur sagesse et par leur vertu. On sait avec quels sentiments d’admiration et de reconnaissance elles ont toujours parlé de l’éducation qu’elles y avaient reçue ; et il y en a encore qui conservent au milieu du monde et de la cour, pour les restes de cette maison affligée, le même amour que les anciens Juifs conservaient, dans leur captivité, pour les ruines de Jérusalem. Cependant, quelque sainte que fût cette