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Cette maison était dans la rue Coquillière, de la paroisse Saint-Eustache, et le Saint-Sacrement y fut mis avec beaucoup de solennité. Bientôt après on y reçut des novices, et ce fut l’archevêque de Paris qui leur donna le voile.

La nouveauté de cet institut donna beaucoup occasion au monde de parler ; et, dans ces commencements, la Mère Angélique eut à essuyer bien des peines et des contradictions. Son principal chagrin était de voir l’évêque de Langres presque toujours en différend avec l’archevêque de Sens, qui ne pouvait compatir avec lui. Leur désunion éclata, surtout à l’occasion du Chapelet secret du Saint-Sacrement. Comme cette affaire fît alors un grand bruit, et que les ennemis de Port-Royal s’en sont voulu prévaloir dans la suite contre ce monastère, il est bon d’expliquer en peu de mots ce que c’était que cette querelle.

Ce Chapelet secret était un petit écrit de trois ou quatre pages, contenant des pensées affectueuses sur le mystère de l’eucharistie ; ou, pour mieux dire, c’étaient comme des élans d’une âme toute pénétrée de l’amour de Dieu dans la contemplation de sa charité infinie pour les hommes dans ce mystère. La Mère Agnès, de qui étaient ces pensées, n’avait guère songé à les rendre publiques ; elle en avait seulement rendu compte au Père de Condren, son confesseur, depuis général de l’Oratoire, qui, pour sa propre édi-