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mieux connaître la piété extraordinaire de cet abbé, à laquelle le fameux Jean de Verth, alors prisonnier au Bois de Vincennes avec d’autres officiers étrangers, rendit un témoignage très particulier. Car le cardinal ayant voulu qu’il fût spectateur d’un ballet fort magnifique qui était de sa composition, et ce général ayant vu à ce ballet un certain évêque qui s’empressait pour en faire les honneurs, il dit tout publiquement que le spectacle qui l’avait le plus surpris en France, c’était d’y voir les saints en prison et les évêques à la comédie.

Ce fut aussi dans cette prison que l’abbé de Saint-Cyran écrivit ces belles Lettres chrétiennes et spirituelles dont il s’est fait tant d’éditions avec l’approbation d’un grand nombre de cardinaux, d’archevêques et d’évêques, qui les ont considérées comme l’ouvrage de nos jours qui donne la plus parfaite idée de la vie chrétienne.

Il mourut huit mois après qu’il fut sorti du Bois de Vincennes ; et ses funérailles furent honorées de la présence de tout ce qu’il y avait alors à Paris de prélats plus considérables.

À peine eut-il les yeux fermés, que les jésuites se débordèrent en une infinité de nouvelles invectives contre sa mémoire, faisant imprimer, entre autres, de prétendus interrogatoires qu’ils avaient tronqués et falsifiés ; et quoiqu’il eût reçu avec une extrême piété