Page:Racine - Britannicus 1670.djvu/12

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

rendre raiſon de ma Tragedie. Il n’y a rien de plus naturel que de ſe défendre quand on ſe croit injuſtement attaqué. Je voy que Terence même ſemble n’avoir fait des Prologues, que pour ſe juſtifier contre les critiques d’un vieux Poëte mal intentionné, malevoli veteris Poëtæ, & qui venoit briguer des voix contre luy juſqu’aux heures où l’on repreſentoit ſes Comedies.

                             Occœpta eſt agi :
Exclamat, &c.

On me pouvoit faire une difficulté qu’on ne m’a point faite. Mais ce qui eſt échappé aux Spectateurs pourra eſtre remarqué par les Lecteurs. C’eſt que je fais entrer Junie dans les Veſtales, où, ſelon Aulugelle, on ne recevoit perſonne au deſſous de ſix ans, ny au deſſus de dix. Mais le Peuple prend icy Junie ſous ſa protection & j’ay cru qu’en conſideration de ſa naiſſance, de ſa vertu, & de ſon mal-heur, il pouvoit la diſpenſer de l’âge preſcrit par les loix, comme il a diſpenſé de l’âge pour le Conſulat, tant de grands Hommes qui avoient merité ce privilege.

Enfin je ſuis tres-perſuadé qu’on me peut faire bien d’autres critiques, ſur leſquelles je n’aurois d’autre party à prendre que celuy d’en profiter à l’avenir. Mais je plains fort le