Page:Racine - Britannicus 1670.djvu/47

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BRITANNICUS.
Ce diſcours me ſurprend, il le faut avoüer.

Je ne vous cherchois pas pour l’entendre loüer.
Quoy pour vous confier la douleur qui m’accable
A peine je dérobe un moment favorable.
Et ce moment ſi cher, Madame, eſt conſumé
A loüer l’ennemy dont je ſuis opprimé ?
Qui vous rend à vous même en un jour ſi contraire ?
Quoy meſme vos regards ont appris à ſe taire ?
Que vois-je ? Vous craignez de rencontrer mes yeux ?
Neron vous plairoit-il ? Vous ſerois-je odieux ?
Ah ! ſi je le croyois… Au nom des Dieux, Madame,
Eſclairciſſez le trouble où vous jettez mon ame.
Parlez. Ne ſuis-je plus dans voſtre ſouvenir ?

JUNIE.
Retirez-vous, Seigneur, l’Empereur va venir.
BRITANNICUS.
Apres ce coup, Narciſſe, à qui doy-je m’attendre ?




Scène VII.

NERON, JUNIE, NARCISSE.


NERON.

MAdame…
JUNIE.
MAdame… Non, Seigneur, je ne puis rien entendre.

Vous eſtes obey. Laiſſez couler du moins
Des larmes, dont ſes yeux ne ſeront pas témoins.