Page:Racine - Britannicus 1670.djvu/89

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Par quels embraſſemens il vient de m’arreſter !
Ses bras dans nos Adieux ne pouvoient me quitter.
Sa facile bonté ſur ſon front répanduë
Juſqu’aux moindres ſecrets eſt d’abord deſcenduë,
Il s’épanchoit en Fils, qui vient en liberté
Dans le ſein de ſa Mere oublier ſa fierté.
Mais bien-toſt reprenant un viſage ſevere,
Tel que d’un Empereur qui conſulte ſa Mere,
Sa confidence auguſte a mis entre mes mains
Des ſecrets d’où dépend le deſtin des humains.
Non, il le faut icy confeſſer à ſa gloire.
Son cœur n’enferme point une malice noire,
Et nos ſeuls ennemis alterant ſa bonté,
Abuſoient contre nous de ſa facilité.
Mais enfin à ſon tour leur puiſſance decline.
Rome encore une fois va connoiſtre Agrippine.
Déja, de ma faveur on adore le bruit.
Cependant en ces lieux n’attendons pas la nuit,
Paſſons chez Octavie, & donnons luy le reſte
D’un jour autant heureux que je l’ay crû funeſte.
Mais qu’eſt-ce que j’entens ? Quel tumulte confus ?
Que peut-on faire ?

JUNIE.
Que peut-on faire ? O Ciel ! ſauvez Britannicus.




Scène IV.

AGRIPPINE, JUNIE, BURRHUS.


AGRIPPINE.

BUrrhus, où courez-vous ? Arreſtez. Que veut dire…
BURRHUS.
Madame, c’en eſt fait, Britannicus expire.