Page:Racine - Esther, 1689, Barbin - Athalie, 1692, Thierry.djvu/16

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

voirs des Converations ingenieuſes, qu’on leur a composées exprés, ou qu’elles meſmes compoſent sur le champ. On les fait parler ſur les hiſtoires qu’on leur a luës, ou ſur les importantes veritez qu’on leur a enſeignées. On leur fait réciter par cœur & déclamer les plus beaux endroits des meilleurs Poëtes. Et cela leur ſert ſur tout à les défaire de quantité de mauvaiſes prononciations, qu’elles pourroient avoir apportées de leurs Provinces. On a ſoin auſſi de faire apprendre à chanter à celles qui ont de la voix, & on ne leur laiſſe pas perdre un talent qui les peut amuser innocemment, & qu’elles peuvent employer un jour à chanter les loüanges de Dieu.

Mais la pluſpart des plus excellens vers de noſtre langue ayant eſté compoſez sur des matières fort profanes, & nos plus beaux vers étant sur des paroles extrémement molles & efféminées, capables de faire des impreſſions dangereuſes ſur de jeunes eſprits ; les Perſonnes illuſtres, qui ont bien voulu prendre la principale direction de cette Maiſon, ont ſouhaitté qu’il y euſt quelque Ouvrage, qui ſans avoir tous ces défauts, puſt produire une partie de ces bons effets. Elles