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Page:Racine - Les Plaideurs, Barbin, 1669.djvu/84

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Et dans vne pourſuite à vous-meſme funeſte,
Vous en voulez encore abſorber tout le reſte.
Ne vaudroit-il pas mieux, ſans ſoucis, ſans chagrins,
Viure en Pere jaloux du bien de ſa famille,
Pour en laiſſer vn jour le fonds à voſtre Fille ;
Que de nourrir vn tas d’Officiers affamez,
Qui moiſſonnent les champs que vous auez ſemez,
Dont la main toûjours pleine, & toûjours indigente,
S’engraiſſe impunément de vos Chapons de rente ?
Le beau plaiſir d’aller tout mourant de ſommeil,
A la porte d’vn Iuge, attendre ſon reſveil,
Et d’eſſuyer le vent qui vous ſouffle aux oreilles,
Tandis que Monſieur dort, & cuue vos bouteilles ;
Ou bien ſi vous entrez, de paſſer tout vn jour
A conter, en grondant, les carreaux de ſa cour !
Hé, Monſieur, croyez-moy, quittez cette miſere.

CHICANNEAV

Vrayment, vous me donnez vn conſeil ſalutaire,
Et deuant qu’il ſoit peu ie veux en profiter.
Mais ie vous prie au moins de bien ſolliciter.
Puis que Monſieur Dandin va donner audiance,
Ie vais faire venir ma Fille en diligence.
On peut l’interroger, elle eſt de bonne foy,
Et meſme elle ſçaura mieux répondre que moy.

LEANDRE

Allez & reuenez, l’on vous fera juſtice.

LE SOVFFLEVR

Quel homme !