Page:Racine - Les Plaideurs, Barbin, 1669.djvu/87

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PETIT JEAN

Commencez donc. Meſſieurs… Ho ! prenez-le plus bas :
Si vous ſoufflez ſi haut, l’on ne m’entendra pas.
Meſſieurs…

DANDIN

Meſſieurs… Couvrez-vous.

PETIT JEAN

Meſſieurs… Couvrez-vous. Ô ! Mes…

DANDIN

Meſſieurs… Couvrez-vous. Ô ! Mes… Couvrez-vous, vous dis-je.

PETIT JEAN

Oh ! monſieur ! je ſais bien à quoi l’honneur m’oblige.

DANDIN

Ne te couvre donc pas.

PETIT JEAN ſe couvrant.

Ne te couvre donc pas. Meſſieurs… Vous, doucement ;
Ce que je ſais le mieux, c’eſt mon commencement
Meſſieurs, quand je regarde avec exactitude
L’inconſtance du monde & ſa viciſſitude ;
Lorſque je vois, parmi tant d’hommes différents,
Pas une étoile fixe, & tant d’aſtres errants ;
Quand je vois les Céſars, quand je vois leur fortune ;
Quand je vois le ſoleil, & quand je vois la lune ;
Quand je vois les États des Babiboniens[1]
Tranſférés des Serpents[2] aux Nacédoniens[3] ;
Quand je vois les Lorrains[4], de l’État Dépotique[5]
Paſſer au Démocrite[6], & puis au Monarchique ;
Quand je vois le Japon…

  1. Babyloniens.
  2. Perſans.
  3. Macédoniens.
  4. Romains.
  5. Deſpotique.
  6. Démocratique