Madame, qui vous presse ? Il suffit que sa vue
Désormais à vos yeux ne soit plus défendue.
Vous lui pourrez bientôt prodiguer vos bontés,
Et vos embrassements ne seront plus comptés.
Quel plaisir d’élever un enfant qu’on voit craître[1].
Non plus comme un esclave élevé pour son maître,
Mais pour voir avec lui renaître tant de rois[2] !
Céphise, allons le voir pour la dernière fois.
Que dites-vous ? ô Dieux !
Ce n’est point avec toi que mon cœur se déguise.
Ta foi, dans mon malheur, s’est montrée à mes yeux ;
- ↑ Craître, au lieu de croître, pour rimer aux yeux. Avec l’une ou l’autre façon d’écrire, la prononciation était la même, et c’était craître, comme paraître.
- ↑ Souvenir du langage que tient Hécube à Andromaque dans les Troyennes d’Euripide (707-713) :
τίμα δὲ τὸν παρόντα δεσπότην σέθεν,…
ϰἄν δρᾷς τάδε,…
… παῖδα τόνδε παιδὸς ἐϰθρεψείας ἂν
Τροίᾳ μέγιστον ὠφέλημ’ ἵν’ οἵ ποτε
ἐϰ σοῦ γενόμενοι παῖδες Ἴλιον πάλιν
ϰατοιϰίσειαν ϰαὶ πόλις γένοιτ’ ἔτι..
« Respecte ton maître ; et si tu le fais…, tu pourras élever cet enfant, le fils de mon fils, pour être l’appui, le sauveur de Troie : et un jour la postérité issue de lui peut-être rétablira Ilion, et notre ville renaîtra. »