Page:Racine - Théâtre choisi, 1904, éd. Lanson.djvu/61

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Tous nos ports sont ouverts et pour elle et pour lui.
Qu’elle m’épargneroit de contrainte et d’ennui !

PHŒNIX.

Seigneur…

PYRRHUS.

Seigneur… Une autre fois je t’ouvrirai mon âme :
Andromaque paroît.



Scène IV

PYRRHUS, ANDROMAQUE, CÉPHISE.
PYRRHUS.

Andromaque paroît. Me cherchiez-vous. Madame ?
Un espoir si charmant me seroit-il permis[1] ?

ANDROMAQUE.

Je passois jusqu’aux lieux où l’on garde mon fils[2] .
Puisqu’une fois le jour vous souffrez que je voie
Le seul bien qui me reste et d’Hector et de Troie,
J’allois, Seigneur, pleurer un moment avec lui :
Je ne l’ai point encore embrassé d’aujourd’hui.

PYRRHUS.

Ah ! Madame, les Grecs, si j’en crois leurs alarmes,
Vous donneront bientôt d’autres sujets de larmes.

  1. Goût précieux : aussi espoir charmant se retrouve-t- il dans Alexandre (v. 1168).
  2. Premier vers du rôle d’Andromaque : attaque aussi nette, et caractéristique en son genre que la fameuse entrée de Tartufe : Laurent, serrez ma haire