Page:Racine - Théâtre choisi, 1904, éd. Lanson.djvu/89

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Allons de tous vos Grecs encourager le zèle.
Nos vaisseaux sont tout prêts, et le vent nous appelle.
Je sais de ce palais tous les détours obscurs ;
Fous voyez que la mer en vient battre les murs ;
Et cette nuit, sans peine, une secrète voie
Jusqu’en votre vaisseau conduira votre proie.

ORESTE.

J’abuse, cher ami, de ton trop d’amitié.
Mais pardonne à des maux dont toi seul as pitié ;
Excuse un malheureux qui perd tout ce qu’il aime,
Que tout le monde hait, et qui se hait lui-même.
Que ne puis-je à mon tour dans un sort plus heureux…

PYLADE.

Dissimulez, Seigneur : c’est tout ce que je veux.
Gardez 1 qu’avant le coup votre dessein n’éclate :
Oubliez jusque-là qu’llermione est ingrate ;
Oubliez votre amour. Elle vient, je la voi.

ORESTE.

Va-t’en. Réponds-moi d’elle, et je réponds de moi.



Scène II

HERMIONE, ORESTE, CLÉONE.
ORESTE.

Hé bien ! mes soins vous ont rendu votre conquête.
J’ai vu Pyrrhus, Madame, et votre hymen s’apprête.