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Page:Racine - Théâtre choisi, 1904, éd. Lanson.djvu/92

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Conçois-tu les transports de l’heureuse Hermione ? 850
Sais-tu quel est Pyrrhus ? T’es-tu fait raconter
Le nombre des exploits…. Mais qui les peut compter ?
Intrépide, et partout suivi de la victoire,
Charmant, fidèle enfin, rien ne manque à sa gloire.
Songe[1]

CLÉONE.

Dissimulez. Votre rivale en pleurs 855
Vient à vos pieds, sans doute, apporter ses douleurs.

HERMIONE.

Dieux ! ne puis-je à ma joie abandonner mon âme ?
Sortons : que lui dirois-je ?



Scène IV

ANDROMAQUE, HERMIONE, CLÉONE, CÉPHISE.
ANDROMAQUE.

Sortons : que lui dirois-je ? Où fuyez-vous, Madame ?
N’est-ce point à vos yeux un spectacle assez doux
Que la veuve d’Hector pleurante à vos genoux ?
Je ne viens point ici, par de jalouses larmes.
Vous envier un cœur qui se rend à vos charmes.
Par une main cruelle, hélas ! j’ai vu percer[2]
Le seul[3] où mes regards prétendoient s’adresser.
Ma flamme par Hector fut jadis allumée ;

  1. Voici le pendant de la scène v de l’acte II. La naïveté égoïste de la passion s’étale dans ce couplet.
  2. Var. Par les mains de son père, hélas ! j’ai vu percer. (1668-76.)
  3. Le seul. Il y a une pointe analogue à celle du vers 320. Le cœur est pris (862) au figuré, et ici (864) au propre dans la proposition principale, au figuré dans la relative.