Page:Racine Théâtre Barbou 1760 tome1.djvu/121

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TRAGÉDIE. Il

Eft-ce comme ennemi qu'il fe vient préfenter? Et ne me cherche-t-il que pour me tourmenter î

Ephestion. Non, Madame, vaincu du pouvoir de vos charmes. Il fufpend aujourd'hui la terreur de Ces armes j U préfcntc la paix à des rois aveuglés ; Et retire la main qui les eût accablés. Il craint que la vidtoire , à Ces vœux trop facile , " conduife fes coups dans le fein de Taxile.

. courage , fenfîble à vos juftcs douleurs ,

Ne veut point de lauriers arrofés de vos pleurs. Farorifez les foins où fon amour l'engage ; Exemtez fa valeur d'un (I triftc avantage ; Et difpofez des Rois , qu'épargne fon courroux, A recevoir un bien qu'ils ne doivent qu'à vous.

C L È o F I L E. N'en doutez point» Seigneur, mon ame inquiétée. D'une crainte û jufte ell fans cefTe agitée ; Je tremble pour mon frère , & crains que fon trépas. D'un ennemi Ci cher n'enfanglante le bras. Mais en vain je m'oppofe à l'ardeur qui l'enflamme , Axiane Se Porus tyrannifent fon ame ; Les charmes d'une Reine , & l'exemple d'un Roi , Dès que je veux parler , s'élèvent contre moi. Que n'ai-je point à craindre en ce défordre extrême? Je crains pour lui , je crains pour Alexandre mêmc^ Je fais qu'en l'attaquant, cent tois fe font perdus. Je fais tous Ces exploits, mais je connois Porus. Nos peuples qu'on a vus triomphans à fa fuite, Repoufler les efforts du Perfàn & du .Scythe , Et tout fiers des lauriers dont il les a chargés. Vaincront à fon exemple , ou périront vengés»

Et je crains

Ephestion. Ah , quittez une crainte fi vaioe? LaifTcz courir Porus où fon malheur l'entraîne: Que l'Tnde en fa faveur arme tous fcs Etats j £t que le fcul Taxile en décourne fes pas.

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