Aller au contenu

Page:Racine Théâtre Barbou 1760 tome1.djvu/138

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

58 ALEXANDRE,

Mon cœur, d'un fier mépris armé conrrc leurs traits,

N'a pas du moindre hommage honoré leurs attraits.

Amoureux de la gloire & par-tout invincible ,

Il mettoit ion bonheur àparoître infenfible.

Mais , hélas ! que yos yeux , ces aimables tyrans ,

Ont produit fur mon cœur des effets différens I

Ce grand nom de vainqueur n'eft plus ce qu'il fouhait^

Il vient , avec plaifir , avouer fa défaite.

Heureux I 11 votre cœur fe laiflant émouvoir ,

Vos beaux yeux à leur tour, avouoicnt leur pouvoir!

Voulez-vous donc toujours douter de leur victoire ,

Toujours de mes exploits me reprocher la gloire?

Comme fi les beaux nœuds , cù vous me tenez pris ,

He dévoient arrêter que de foibiesefprits.

Par des faits tout nouveaux, je m'en vais vous apprendre

Tout ce que peut l'amour fur le cœur d'Alexandre.

Maintenant que mon bras, engagé fous vos loix.

Doit foutenir mon nom &c le vôtre à la fois ,

J'irai rendre fameux , par l'éclat de la guerre ,

Des peuples inconnus au refte de la terre ;

Et vous faire dreiler des autels en des lieux ,

Où leurs fàuvages mains en refufent aux Dicux« 

G L É O F I L E.

Oui , vous y traînerez la viftoire captive ; Mais je doute , Seigneur, que l'amour vous y fuîve. Tant d'Etats, tant de mers , qui vont nous défunir. M'effaceront bien-tôt de votre fouvenir. Quand l'Océan troublé vous verra fur fon onde. Achever quelque jour la conquête du Monde; Quand vous verrez ïcs rois tomber à vos genoux. Et la Terre en tremblant, fe taire devant vous ; Songerez-vous, Seigneur, qu'une jeune PrincelFc , Au fond de fes Etats vous regrette fans celle; Et rappelle en fon cœur les momens bienheureux. Où ce grand Conquérant i'afliiroit de fes feux î

Alexandre. Hé quoi ? Vous croyez donc qu'à moi-même barbare J'abandonne en ces lieux une beauté fi rare?

�� �