Page:Racine Théâtre Barbou 1760 tome1.djvu/191

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oui, vous me suivrez, n’en doutez nullement ;

Je vous réponds déjà de son consentement. Je ne crains pas enfin que Pyrrhus la retienne : Il n’a devant les yeux que sa chère Troyenne ; Tout autre objet le blesse ; et peut-être aujourd’hui Il n’attend qu’un prétexte à l’éloigner de lui. Nous n’avons qu’à parler : c’en est fait. Quelle joie D’enlever à l’Epire une si belle proie ! Sauve tout ce qui reste et de Troie et d’Hector, Garde son fils, sa veuve, et mille autres encor, Epire : c’est assez qu’Hermione rendue Perde à jamais tes bords et ton prince de vue. Mais un heureux destin le conduit en ces lieux. Parlons. À tant d’attraits, Amour, ferme ses yeux !


Scène IV

Pyrrhus, Oreste, Phoenix

Pyrrhus

Je vous cherchais, Seigneur. Un peu de violence M’a fait de vos raisons combattre la puissance, Je l’avoue ; et depuis que je vous ai quitté, J’en ai senti la force et connu l’équité. J’ai songé, comme vous, qu’à la Grèce, à mon père, À moi-même, en un mot, je devenais contraire ; Que je relevais Troie, et rendais imparfait Tout ce qu’a fait Achille, et tout ce que j’ai fait. Je ne condamne plus un courroux légitime, Et l’on vous va, Seigneur, livrer votre victime.

Oreste