Page:Racine Théâtre Barbou 1760 tome1.djvu/318

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

lyS BRITA NNICUS ,

Vos ennemis , déchus de leur vaine efpérance , Sont allés chez Pallas pleurer leur impuifFance. Mais que vois-je ? Vous-même inquiet, étonné. Plus que Bricannicus paroidèz conlhrnc. Que picfage à mes yeux cette triftcflè obfcurc , Et CCS fombres regards crrans à l'aventure ? Tout vous rit. La 36rtunc obéît à vos vœux.

Néron. Narciilè , c'en eft fait: Néron eft amoureux.

Narcisse. Vous?

N E R o N.

Depuis un moment; mais pour toute ma vie. J'aime , que dis-Je aimer ? j'idolâtre Junic.

Narcisse. Vous l'aimez ?

N É R O V.

Excité d'un defir curieux. Cette nuit je l'ai vue arriver en ces lieux , Trifte , levant au ciel {es yeux mouiHés de larmes , Qui brilloient au travers des flambeaux & des armes ; Belle , fans ornement, dans le fimple appareil D'urle Beauté qu'on vient d'arracher au fommeil. Que veux-ru ? Je ne fai fi cette négligence , Les ombres , les flambeaux , les cris & le filence , T.r le farouche afpect de fes flers ravifTeurs, Relevoicnt de fes yeux les timides douceurs. Quoi qu'il en foit, ravi d'une fi belle vue. J'ai voulu lui parler , & ma voix s'eft perdue; Immobile , faifi d'un long étonnement , Je l'ai laiilc palier dans fon appartement. J'ai paflé dans le mien. C'eft-là que , folitaîre , De fon image en vain j'ai voulu me diitraire. Trop préfente à mes yeux je croyois lui parler. J'aimois jufqu'à fes pleurs que je faifois couler. Quelquefois , mais trop tard , je lui demandons grâce. J'caiployois les foupirs , & même la menace.

�� �