Page:Racine Théâtre Barbou 1760 tome1.djvu/330

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1^9 BRITANNICUS,

J U NI E.

Vous êtes en des lieux tout pleins de fapuiiîance: Ces murs mêmes, Seigneur, peuvent avoir des ycuxî Et jamais l'Empereur n'ell abfent de ces lieux,

Bkitannicus. Et depuis quand, Madame ^ êces-vous fi craintive? Quoij dcja votre amour Ibufî're qu'on le captive* Qu'eft devenu ce cœur, qui me juroit toujours De taire à Néron même envier nos amours î Mais bannillèz. Madame, une inutile crainte , La foi dans tous les cœurs n'eft pas encore éteinte. Chacun femble des yeux approuver mon courrouxjÉ. La mère de Néron fe déclare pour nous. T

Rome , de fa conduite elle-même ofFenfée . . .

J UNI £.

Ah, Seigneur, vous parlez contre votre penféeî Vous-même, vous m'avez avoué mille fois. Que Rome le louoit d'une commune voix : Toujours à fa vertu vous rendiez quelque hommage. Sans doute, la douleur vous dide ce langage.

Britanni eus. Ce difcours me furprend , il le faut avouer. Je ne vous cherchcis pas pour l'entendre louer. i

Quoi, pour vous confier la douleur qui m'accable; A peine je dérobe un moment favorable; Et ce moment fi cher. Madame, eft confumé A louer l'ennemi dont je fuis opprimé i Qui vous rend à vous-même en un jour d contraire? Quoi , même vos regards ont appris à fe taire ? Que vois-je ? Vous craignez de rencontrer mes yeux î Néron vous plairoit-il ? Vous ferois-je odieux? Ah , fi je le croyois !.. Au nom des Dieux , Madam* EclairciiTcz le trouble où vous jettez mon amc. Parlez. Ne fuis'je plus dans votre fouvenir?

JUN lE.

Retirez-vous, Seigneur, l'Empereur va venir.

Britannicus. Apres ce coup, NarciiTe, à quoi dois-je ra'attcndrc?

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