Page:Racine Théâtre Barbou 1760 tome2.djvu/112

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Modérez-vous, de grâce.

On vient vous informer de tout ce qui se passe.

C'est le vizir.

Scène II.

Atalide, Acomat, Zaïre

Acomat

Enfin, nos amants sont d'accord,

Madame; un calme heureux nous remet dans le port.

La sultane a laissé désarmer sa colère;

Elle m'a déclaré sa volonté dernière,

Et tandis qu'elle montre au peuple épouvanté

Du prophète divin l'étendard redouté,

Qu'à marcher sur mes pas Bajazet se dispose,

Je vais de ce signal faire entendre la cause,

Remplir tous les esprits d'une juste terreur,

Et proclamer enfin le nouvel empereur.

Cependant permettez que je vous renouvelle

Le souvenir du prix qu'on promit à mon zèle.

N'attendez point de moi ces doux emportements,

Tels que j'en vois paraître au cœur de ces amants;

Mais si, par d'autres soins, plus dignes de mon âge,

Par de profonds respects, par un long esclavage,

Tel que nous le devons au sang de nos sultans,

Je puis...

Atalide

Vous m'en pourrez instruire avec le temps.

Avec le temps aussi vous pourrez me connaître.

Mais quels sont ces transports qu'ils vous ont fait paraître?

Acomat

Madame, doutez-vous des soupirs enflammés

De deux jeunes amants l'un de l'autre charmés?

Atalide