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TRAGÉDIE. 157

MiTHRiDATE.

J'eus mes raifons alors. Oublions-ks, Madame. Ne longez maintenant qu'à répondre à ma flamme. Songez que votre cœur eft un bien qui m'efl dû.

M G N I M E.

Hé , pourquoi donc , Seigneur , me l'avez-vous rendu ?

MiTHRiDATE.

Quoi , pour un fils ingrat toujours préoccupée , Vous croiriez ? . . .

M O N I M E.

Quoi , Seigneur , vous m'auriez donc trompée ?

MlTHRIDATE.

Perfide, il vous fied bien de tenir ce difcours , Vous, qui gardant au cœur d'infidèles amours , Quand je vous élevois au comble de la gloire, M'avez des trahifons préparé la plus noire. Ne vous fouvient-il plus , cœur ingrat &: fans foi. Plus que tous les Romains conjuré contre moi , De quel rang glorieux j'ai bien voulu defcendre , Pour vous porter au trône, où vous n'ofiez prétendre ? Ne me regardez point vaincu , perfécuté. Revoyez-moi vainqueur, & par-tout redouté. Songez de quelle ardeur dans Ephèfe adorée. Aux filles de cent rois je vous ai préférée j Et négligeant pour vous tant d'heureux alliés , Quelle foule d'états je mettois à vos pieds. Ah ! Si d'un autre amour le penchant invincible Dès-lors à mes bontés vous rendoit infenfible » Pourquoi chercher fi loin un odieux époux î Avant que de partir, pourquoi vous taifiez-vous? Atrendiez-vous, pour faire un aveu fi funefte » Que le fort ennemi m'eût ravi tout le refte ; Et que, de toutes parts me voyant accabler, J'eulle en vous le feul bien qui me pût confoler î Cependant , quand je veux oublier cet outrage. Et cacher à mon cœur cette funefte image , Vous ofcz à mes yeux rappellcr le pafré ; Vous m'accufez encor, quand je fuis offcnCé,

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