Page:Racine Théâtre Barbou 1760 tome2.djvu/206

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15)8 MITHRIDATE,

Je vois que pour un traître un fol efpoir vous flatte. A quelle épreuve , ô Ciel, réduis-tu Mirhridate ? Par quel charme fecret lailFai-je retenir Ce couroux {i févère , & fi prompt à punir ? Profitez du moment que mon amour vous donne. Pour la dernière fois, venez, je vous l'ordonne. N'attirez point fur vous des périls fuperflus , Pour un fils infolent que vous ne verrez plus. Sans vous parer pour lui d'une foi qui m'eft due , Perdez-en la mémoire , aufll-bien que la vue j Et déformais , fenfible à ma feule bonté , Méritez le pardon qui vous elt préfenté.

M G N I M E.

Je n'ai point oublié quelle reconnoi/Tance, Seigneur, m'a dû ranger fous votre obéiflance. Quelque rang où jadis foient montés iiaes aycux , Leur gloire de fi loin n'éblouit point mes yeux. Je fonge avec refpeû de combien je fuis née Au-delfous des grandeurs d'un fi noble hymenée : Et, malgré mon penchant & mes premiers defleins Pour un fils , après vous , le plus grand des humains ', Du jour que fur mon front on mit ce diadème , Je renonçai , Seigneur , à ce prince , à moi-même. Tous deux d'intelligence à nous facrifier , Loin de moi , par mon ordre , il couroit m'oublier. Dans l'ombre du fecret ce feu s'alloit éteindre ; Et même de mon fort je ne pouvois me plaindre , Puifqu'enfin, aux dépends de mes vœux les plus doux, Je faifois le bonheur d'un héros tel que vous. Vous feu]. Seigneur, vous fcul, vous m'avez arrachée A cette obéiflance , où j'étois attachée ; Et ce fatal amour dont j'avois triomphé , Ce feu que , dans l'oubli, je croyois étouffé. Dont la caufe à. jamais s'éloignoit de ma vue , Vos détours l'ont furpris , & m'en ont convaincue. Je vous l'ai confefFé , je le dois foutenir. En vain vous en pourriez perdre le fouvcnir j

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