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TRAGÉDIE, 135

��SCENE V. AGAMEMNON, ULYSSE.

Agamemnon.

J USTE Ciel , c'eft aînfi qu'afTurant u vengeance, Tu romps tous les rellbrts da ma vaine prudence 1 Encor fl je pouvois, libre dans mon malheur , Par des larmes, au moins, foulager ma douleur î Trifte deftin des rois ! Efclaves que nous fommes Et des rigeurs du fort, & des difcours des hommes. Nous nous voyons , fans cefle , afliégés de témoins , Et les plus malheureux ofent pleurer le moins.

Ulysse.

Je fuîs pcre , Seigneur , & foible comme un autre. Mon cœur fe met , fans peine , en la place du vôtre j Et , fiémifian: du coup qui vous fait foupirer , Loin de blâmer vos pleurs , je fuis prêt de pleurer. Mais votre amour n'a plus d'excufe légitime. Les dieux ont à Calchas amené leur victime : Il le fait , il l'attend } &:, s'il la voit tarder , Lui-même , â hauie voix , viendra la demander. Nous fommes fculs encor. Hâtez-vous de répandre Des pleurs que vous arrache un intérêt fî tendre. Pleurez ce fang , pleurez. Ou plutôt , fans pâlir , Confidérez l'honneur qui doit en rejaillir. Voyez tout rHcliefpont blanchiflant fous nos rames , Et la perfide Troie alandonnce aux flammes. Ses peuples dans vos fers, Priam â vos genoux , Hélène , par vos mains , rendue à fon époux. Voyez de vos vailTeaux les poupes couronnées. Dans cetie même Aulide avec vous retournées ; Et ce triomphe heureux , qui s'en va devenir L'éternel entretien des ficelés à venir.

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