TRAGÉDIE. 341
Je l'adore ; & mon ame , à vos ordres rebelle , Ne peut ni foupirer , ni brûler que pour elle.
Thésée. Tu l'aimes î Ciel I Mais non , l'artifice efl; grofïîer. Tu te feins criminel pour te juftificr.
HiPPOLYTE,
Seigneur, depuis fix mois je l'évite , & je l'aime. Je vcnois , en tremblant , vous le dire à vous-même. Hé quoi , de votre erreur rien ne vous peut tirer ? Par quel affreux ferment faut-il vous raflurer î Que la terre , le ciel, que toute la nature . . .
Thésée. Toujours les fcélérats ont recours au parjure. CefTe, cefTe , & m'épargne un importun difcours > Si ta faufle vertu n'a point d'autre fecours,
HiPPOLYTE.
Elle vous paroît faulTe , & pleine d'artifice. Phèdre au fond de fon cœur me rend plus de juftice.
Thésée. Ah , que ton impudence excite mon courroux !
HiPPOLYTE.
Quel temps à mon exil , quel lieu prefcrivcz-vous î
Thésée. Fufles-tu par-delà les colonnes d'Alcide , Je me croirois encor trop voifin d'un perfide.
HiPPOLYTE.
Chargé du crime affreux dont vous me foupçonnez , Quels amis me plaindront quand vous m'abandonnez '
Thésée. Va chercher des amis dont l'cftime funefte Honore l'adultère, applaudiilc à l'incefte ; Des ttaîtres , des ingrats , fans honneur & fans loi. Dignes de protéger un méchant tel que toi.
HiPPOLYTE.
Vous me parlez toujours d'incefte & d'adultère , Je me tais. Cependant Phèdre fort d'une mère , Phèdre eft d'un fang, Seigneur, vous le faveztrop bien. De toutes ces horreurs plus rempli que le mien.
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