J’ai voulu vous pouſſer juſques à ce refus.
C’en eſt fait ; & bien-tôt vous ne me craindrez plus.
N’attendez pas ici que j’éclate en injures ;
Que j’atteſte le ciel ennemi des parjures :
Non, ſi le ciel encore eſt touché de mes pleurs,
Je le prie, en mourant, d’oublier mes douleurs.
Si je forme des vœux contre votre injuſtice ;
Si, devant que mourir, la triſte Bérénice
Vous veut de ſon trépas laiſſer quelque vengeur,
Je ne le cherche, ingrat, qu’au fond de votre cœur.
Je ſais que tant d’amour n’en peut être effacée ;
Que ma douleur préſente, & ma bonté paſſée,
Mon ſang qu’en ce palais je veux même verſer,
Sont autant d’ennemis que je vais vous laiſſer.
Et, ſans me repentir de ma perſévérance,
Je me remets ſur eux de toute ma vengeance.
Adieu.
Scène VI.
Dans quel deſſein vient-elle de ſortir,
Seigneur ? Eſt-elle enfin diſpoſée à partir ?
Paulin, je ſuis perdu, je n’y pourrai ſurvivre.
La reine veut mourir. Allons, il faut la ſuivre.
Courons à ſon ſecours.
Ordonné dès tantôt qu’on obſerve ſes pas ?
Ses femmes, à toute heure, autour d’elle empreſſées,
Sauront la détourner de ces triſtes penſées.
Non, non, ne craignez rien. Voilà les plus grands coups,
Seigneur ; continuez, la victoire eſt à vous.