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Page:Racine Théâtre Barbou 1760 tome3.djvu/120

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JOSABET.

Méchant, c’est bien à vous d’oser ainsi nommer
Un Dieu que votre bouche enseigne à blasphémer !
Sa vérité par vous peut-elle être attestée,
Vous, malheureux, assis dans la chaire empestée
Où le mensonge règne & répand son poison ;
Vous nourri dans la fourbe & dans la trahison ?


Scène V.

JOAD, JOSABET, MATHAN , NABAL.

JOAD.

Où suis-je ? De Baal ne vois-je pas le prêtre,
Quoi, fille de David, vous parlez à ce traître ?
Vous souffrez, qu’il vous parle, & vous ne craignez pas
Que du fond de l’abîme entr’ouvert sous ses pas,
Il ne foste à l'instant des feux qui vous embrasent,
Ou qu’en tombant sur lui ces murs ne vous écrasent ?
Que veut-il ? De quel front cet ennemi de Dieu
Vient-il infecter l’air qu’on respire en ce lieu ?

MATHAN.

On reconnoît Joad à cette violence".
Toutefois il devroit montrer plus de prudence ,
Refpeder une reine, & ne pas outrager
Celui que de fon ordre elle a daigné charger.

JOAD.

Hé bien que nous fait-elle annoncer de sinistre ?
Quel sera l’ordre affreux qu’apporte un tel ministre ?

MATHAN.

J’ai fait à Jofabet savoir sa volonté.

JOAD.

Sors donc de devant moi, monstre d'impiété.
De toutes tes horreurs, va, comble la mesure.
Dieu s’apprête à te joindre à la race parjure,