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TRAGÉDIE, 155

Par votre roi David autrefois amifTc ,

Sous le fceau du fecret au Grand-Prêtre laîffé.

Va , dis-leur qu'à ce prix je leur permets de vivre.

J A D. Quel confeil, cher Abner,croyez-vous qu'on doit fuivre ?

A B N E R.

Et tout l'or de David , s'il eft vrai qu'en efFet Vous gaidiez de David quelqu'^ tré/br fecret 5 Et touc ce que des mains de ceitc reine avare Vous avez pu fauver & de riche & de rare , Donnez-le. Vouiez-vous que d'impurs aflafîîns Viennent brifer l'autel , biùier les chérubins ; Et portant fur notre arche une main téméraire , De votre propre fang fouiller le fandtuaire î

J A D.

Mais fiéroit-il , Abner , à des cœurs généreux De livier au fupplice un enfant malheureux y Un enfant , que Dieu même à ma garde confie , Et de nous racheter aux dépends de fa vie ?

Abner. Hélas , Dieu voit mon cœur ! Plût à ce Dieu puiQant Qu'Achalie oubhâx un enfant innocent j Et i^ue du fang d' Abner fa cruauté contente , Crût calmer par ma mort le ciel qui la tourmente î Mais que peuvent pour lui vos inutiles foins ? Quand vous périrez tous , en périra-t-il moins î- Dieu vous ordonne-:-il de tenter l'inipoflible l Pour obéir aux loix d'un tyran inflexible , Moïfe , par fa mère au Nil abandonné , Sévit, prefqu'en naiffant , à périr condamné- Mais Dieu , le confervant contre toute efpérance , Fit par le tyran même élever fon enfance. Qui fait ce qu'il réferve à votre Eliacin ; Et (î , lui préparant un fcmblable deftin , II n'a point de picié déjà rendu capable De nos malheureux rois l'homicide implacable ? Du moins , & Jofabet , comme moi , la pu voir , Tanîôç à fon afpeâ: je l'ai vu s'émouvoir.

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