iio ŒUVRES
Tout le monde fait que M. le Maître a fait des plai- doyers que les jurifconfukes admirent, où l'éloquence défend la jullice , où l'écriture inlkuit , où les Pères prononcent , où les Conciles décident. Et vous compa- rez ces plaidoyers aux romans de Defmarêts qu'on ne peut lire fans horreur , où les partions font toutes nues, &: où les vices paroifl'ent effrontément ôc fans pudeur.
Pour qui penfez-vous donc pafTer, & quel jugement croyez-vous qu'on fallc de votre conduite , quand vous otfenfez tous les juges en comparant le palais avec le théâtre , la jurifprudcnce avec la comédie , l'hiiloire avec la fable, & un très-célèbre Avocat avec un très- mauvais Poète ?
Pouvez-vous dire que M. le Maître a fait dans fa retraite tantdetraduclions des Phesy & le comparer avec Defmarêts qui fait gloire de ne rien traduire , &c qui ne produit que des vifions chimériques ? Il faut pourtant que vous acheviez cette comparaifon li odieufe à tout le monde, & parce que Defmarêts avoue des crimes qu'il ne peut nier, vous en accufeiaufTi M. le Maître ; vous abufez indignement de fon humilité, qui lui a fait dire qu'il avoir été dans le dérèglement , ^ vous ne prenez pas garde que ce qu'il appelle dérèglement , c'cft = ce que vous appeliez fouverain bien j c'cft cet honneur du flècle que vous cherchez avec tant de paf- (îon , & qu'il a fui avec tant de force. Il s'eft dérobé à la gloire du monde qui Tenvironnoit 5 ôcil efl vrai que, pour s'en éloigner davantage , il a fait toutes les ac- tions qui lui font le plus contraires.
Mais s'il a bêché la terre , comme vous dites, avec quel cfprit ofez-vous en parler comme vous faites î Et quel fentiment pouvez-vous avoir des vertus chré- tiennes , puifque vous raillez publiquement ceux qui les pratiquent ? Vous parleriez férieafement & avec éloge de ces anciens Romains qui favoient cultiver la ferre & conquérir les provinces ; que l'on voyoit à l.i tête d'une armée , après les avoir vus à la queue d'une charrue 5 ôt vous vous moquez d'un chrétien qui a
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