Page:Racine Théâtre Barbou 1760 tome3.djvu/54

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Les malheurs font fouvent enchaînés l’un â l’autre ,
Et fa race toujours fut fatale à la votre^
De ce léger affront fongez à profiter ,
Peut-être la fortune eft prête à vous quitter.
Aux plus affreux excès fon inconftance paffè.
Prévenez fon caprice avant qu’elle fe lafle.
Où tendez-vous plus haut ? Je frémis quand je voî
Les abîmes profonds qui s’offrent devant moi.
La chute déformais ne peut être qu’horrible.
Ofez chercher ailleurs un deftin plus paifible.
Regagnez l’Hellefpont , & ces bords écartés
Où vos ayeux errans jadis furent jettes ,
Lorfque des Juifs contre eux la vengeance allumée
Chaflà xout Amalec de la trifte Idumée.
Aux malices du fort enfin dérobez-vous.
Nos plus riches Tréfors marcheront devant nous.
Vous pouvez du départ me laiffer la conduite ,
Sur-tout de vos enfans j’affurerai la fuite.
N’ayez foin cependant que de diffimuler.
Contente fur vos pas vous me verrez voler.
La mer la plus terrible & la plus orageufe
Eft plus fùre pour nous que cette cour trompeufe.
Mais à grands pas vers vous je vois quelqu’un marcher;
C’eft Hydafpe.


SCENE II.

AMAN, ZARÊS, HYDASPE.

HYDASPE.

SEIGNEUR, je courois vous chercher. Votre absence en ces lieux suspend toute la joie ; Et pour vous y conduire Affuérus m’envoie.

AMAN.

Et Mardochée est-il aussi de ce festin ?

HYDASPE.

A la table d’Esther portez-vous ce chagrin ?