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Page:Racine Théâtre Barbou 1760 tome3.djvu/62

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j4 E S TH E R,

Des princes les plus doux l'oreille environnée. Et du bonheur public la fource einpoifonnée ? Dans le fond de la Thrace un barbare enfanté Eft venu dans ces lieux fouffler la cruauté. Un miniftre ennemi de votre propre gloire . . .

Aman. De votre gloire î Moi ! Ciel ! Le'pourriez-vous croire î Moi , qui n'ai d'autre objet , ni d'autre Dieu . , .

ASRUÉRUS.

Tai-toi. Ofes-tu donc parler fans l'ordre de ton roi î

E s T H E R.

Notre ennemi cruel devant vous fe déclare.

C'eft lui. C'eft ce miniftre infidèle &c barbare ,

Qui , d'un zèle trompeur à vos yeux revêtu ,

Contre notre innocence arme votre vertu.

Et quel autre,grand Dieu 1 Qu'un Scythe impitoyable!

Auioit de tant d'horreurs diftc l'ordre efiroyablc î

Par-tout l'affreux fîgnal , en même temps donné ,

De meurtres remplira l'univers étonné.

On verra, fous le nom du plus jufte des princes ,

Un perfide étranger défoler vos provinces ;

Et dans ce palais même , en proie à fon courroux ,

Le fang de vos fujets regorger jufqu'à vous.

Et que reproche aux Juifs fa haine envenimée î Quelle guerre inteftine avons-nous allumée î Les a-t-on vus marcher parmi vos ennemis ? Fut-il jamais au joug efclaves plus fournis ? Adorant dans leurs fers le Dieu qui hs châtie , Pendant que votre main fur eux appefantie A leurs perfccuteurs les livroit fans fecours , Ils conjuroient ce Dieu de veiller fur vos jours ; De rompre des méchans les trames criminelles > De mettre votre trône à l'ombre de fes aîles. N'en doutez point , Seigneur, il fut votre fouiien. Lui feul mit à vos pieds le Parthe &: l'Indien , Difîipa devant vous les innombrables Scythes * Et renferma les mers dans vos vaftes liraiçes.

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