Page:Racine Théâtre Barbou 1760 tome3.djvu/64

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j<f E s T HE R,

��SCENE V.

ESfHER,AMAN,LEGH(EUR.

A M Atn d Efiher.

3-J 'un jufte étonnement je demeure frappé. Les ennemis des Juifs m'ont trahi , m'ont trompé. J'en attefte du ciel la puiflance fuprême , En les perdant^ j'ai cru vous alîurer vous-même. Princefle , en leur faveur employez mon crédit. Le roi , vous le voyez , flotte encore interdit. Je fais par quels refîorts on le poulie , on l'arrête ; Et fais , comme il me plaît , le calme & la tempête. Les intérêts des Juifs déjà me font facrés. Parlez. Vos ennemis auflî-tot mafl^acrés , Viftimes de la foi que ma bouche vou* jure , De ma fatale erreur répareront l'injure. Quel fang demandez-vous î

E s T H E R.

Va, traître, laifTe-moi. Les Juifs n'attendent tien d'un méchant tel que toi. Miférable , le Dieu vengeur de l'innocence , Tout prêt à te juger , tient déjà fa balance. Bien-tôt ton jufte arrêt te fera prononcé. Tremble. Son jour approche, Se ton règne cft pafTé.

Aman.

Oui , ce Dieu , je l'avoue , eft un Dieu redoutable. Mais veut-il que l'on garde une haine implacable î C'en eft fait. Mon orgueil eft forcé de plier. L'inexorable Aman eft réduit à prier.

( Ilfe jette àfes pieds ) Par le falut des Juifs , par ces pieds que j'embrafle j Par ce fage vieillard, i'hoiincur de votre race.

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