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Page:Radcliffe - L’Italien (trad. Fournier), 1864.djvu/125

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les religieuses réunies au réfectoire et qui s’étonnait de n’y avoir pas vu Elena. Elle s’effaça autant qu’elle put derrière sœur Olivia ; et celle-ci, ayant répondu tant bien que mal aux questions de l’abbesse, se remit en marche vers le réfectoire, suivie de son amie qui tremblait comme une feuille. Les religieuses, occupées de leur souper, ne prirent pas garde à elles. Arrivées à la porte du jardin, elles se croisèrent souvent avec des sœurs qui servaient ou desservaient la table. Une de celles-ci, au moment où elles ouvraient la porte, leur demanda pourquoi elles allaient du côté de la chapelle. Avaient-elles déjà entendu la cloche ? À cette question, Elena troublée saisit le bras de son amie pour l’engager à presser le pas ; mais sœur Olivia, plus prudente, allégua avec calme un motif de dévotion particulière. Puis toutes deux reprirent leur chemin. Comme elles traversaient le jardin, la crainte que Vivaldi ne se trouvât plus à l’endroit indiqué par lui émut si fort la pauvre Elena qu’elle s’arrêta incapable de se soutenir. Mais sœur Olivia lui montrant un bosquet que la lune commençait à éclairer, murmura à son oreille :

— Là derrière, sous cette allée de cyprès, est notre in pace.

Ce mot ranima les forces d’Elena ; elle redoubla d’efforts pour atteindre la porte de la grille qui semblait reculer devant elle. Enfin, elles y arrivèrent. Elena frappa doucement dans ses mains ; c’était le signal convenu. Elle attendit la réponse avec une inexprimable anxiété. Enfin trois petits coups se firent entendre ; puis la clef tourna dans la serrure,