Page:Radcliffe - L’Italien (trad. Fournier), 1864.djvu/17

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ait l’orgueil du sang et de la naissance à un choix d’où dépendait le bonheur de sa vie. Mais avant de se déclarer à Elena, il fallait s’assurer s’il lui inspirait bien quelque intérêt, ou s’il avait un rival, et quel pouvait être celui-ci. Cependant son respect pour la jeune fille, sa crainte de l’offenser, et le danger que son père et sa mère ne vinssent à découvrir sa passion avant qu’il sût lui-même si elle était partagée, opposaient à cette recherche de graves difficultés. Dans cet embarras, il ouvrit son cœur à un ami qui depuis longtemps possédait toute sa confiance, et il lui demanda conseil avec sincérité.

Bonarmo, jeune homme de plaisir, peu propre à servir de guide dans des affaires sérieuses, proposa, comme le meilleur moyen de sonder les dispositions d’Elena, de lui donner une sérénade, selon l’usage du pays. Si elle n’avait pas d’antipathie pour Vivaldi, elle répondrait, suivant lui, à sa galanterie par quelque témoignage de satisfaction ; dans le cas contraire, elle garderait le silence et demeurerait invisible. Vivaldi se récria contre cette manière grossière et banale d’exprimer un amour tel que le sien. Il avait trop bonne opinion de l’élévation d’âme et de la délicatesse d’Elena pour supposer que le vulgaire hommage d’une sérénade pût la flatter ou l’intéresser, et encore moins qu’elle voulût faire connaître ses sentiments par aucun signe extérieur. Bonarmo traita ces scrupules d’enfantillage ; l’ignorance où son jeune ami était encore des choses du monde pouvait seule, disait-il, l’excuser : il insista pour la sérénade. Si bien que Vivaldi, moins convaincu par les raisons de son ami que par la difficulté de