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Page:Radcliffe - L’Italien (trad. Fournier), 1864.djvu/18

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trouver d’autres expédients, consentit à celui qu’on lui proposait, non qu’il en espérait quelque succès, mais il comptait fixer ainsi son incertitude et calmer son agitation. Ils prirent leurs instruments sous leurs manteaux et, cachant avec soin leurs visages, ils se dirigèrent en silence vers la villa Altieri. Déjà ils avaient franchi l’arcade où Vivaldi avait été arrêté la nuit précédente, lorsqu’en levant les yeux le jeune homme aperçut la même figure sombre qui lui était déjà apparue ; avant qu’il eût le temps de s’écrier, l’inconnu lui dit d’une voix grave :

— N’allez pas à la villa Altieri si vous voulez éviter le sort qui vous menace.

— Quel sort ? demanda Vivaldi en reculant de surprise. Expliquez-vous.

Mais déjà le moine avait disparu, et l’obscurité de la ruine ne permettait pas de retrouver sa trace.

— Que le ciel nous protège ! s’écria Bonarmo. Ceci passe toute croyance ! Retournons à Naples ; il faut obéir à ce nouvel avis.

— Ah ! dit Vivaldi, j’aime mieux tout risquer ; si j’ai un rival, je veux l’affronter sur-le-champ.

— Prenez garde, répartit Bonarmo, il est évident maintenant que vous avez un rival ; que peut votre courage contre des spadassins gagés ?

— Si vous craignez le danger, répliqua Vivaldi, j’irai seul.

Blessé par ce reproche, Bonarmo suivit son ami en silence jusqu’à la villa Altieri. Le jeune comte, se frayant le même passage que la nuit précédente, s’aventura dans le jardin.