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Page:Radcliffe - L’Italien (trad. Fournier), 1864.djvu/175

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Son guide entra dans un appartement sur la porte duquel était une inscription en caractères hébreux couleur de sang. Vivaldi supposa que là se préparaient les instruments de torture qui devaient lui arracher l’aveu du crime dont il était accusé. D’après ces formes de procédure, l’innocent devait être plus cruellement tourmenté que le coupable puisque, n’ayant rien à avouer, il devait paraître plus obstiné aux yeux de l’inquisiteur et exciter chez lui un redoublement de barbarie. Souvent aussi, il devait arriver que l’innocent, à bout de souffrances, avouait le crime qu’il n’avait pas commis et se calomniait ainsi lui-même. Toutes ces pensées s’offraient à Vivaldi sans ébranler son courage. Il n’hésita pas à se sacrifier pour sauver Elena et prit la résolution de périr dans les tourments plutôt que de se reconnaître coupable d’un crime dont l’aveu entraînerait la perte de sa bien-aimée.

L’officier reparut enfin et fit signe au prisonnier d’avancer. Puis il le fit entrer dans l’appartement d’où il sortait lui-même et se retira.

Vivaldi se trouvait dans une salle spacieuse, à l’extrémité de laquelle deux hommes étaient assis devant une grande table. L’un d’eux avait la tête couverte d’une sorte de coiffure noire qui faisait ressortir l’expression farouche de sa physionomie ; l’autre avait la tête découverte et les bras nus jusqu’aux coudes. Un livre et quelques instruments de forme étrange se voyaient sur la table qu’entouraient plusieurs sièges vides, ornés de figures bizarres. Au fond de la chambre, un crucifix de taille gigantesque atteignait presque jusqu’à la voûte ; enfin,