Page:Radcliffe - L’Italien (trad. Fournier), 1864.djvu/19

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— Eh bien ? demanda-t-il à son compagnon, où sont ces bravi si terribles ?

— Parlez bas, reprit l’autre, nous sommes peut-être à quatre pas d’eux.

— Soit, dit Vivaldi en portant la main à son épée, ils seront aussi à quatre pas de nous.

Enfin les deux jeunes gens parvinrent à l’orangerie, qui était toute proche de la maison. Là ils se reposèrent pour reprendre haleine et préparer leurs instruments. La nuit était sereine et calme. Ils entendaient au loin des voix confuses et virent bientôt le ciel tout enflammé par un feu d’artifice, tiré pour la naissance d’un prince de la maison royale ; des milliers de fusées s’élevaient du rivage occidental de la baie et éclataient dans les airs, illuminant à la fois les visages d’une foule immense, les eaux de la baie, les barques nombreuses qui glissaient à leur surface, et la riche cité de Naples et ses terrasses, et son Cours garnis de spectateurs et d’équipages. Tandis que Bonarmo était tout entier à ce beau spectacle, Vivaldi tenait ses yeux attachés sur la demeure d’Elena, dans l’espoir que l’éclat du feu d’artifice l’attirerait sur le balcon ; mais elle n’y parut pas, et aucune lumière dans la maison n’indiquait même qu’elle veillât. Pendant qu’ils étaient assis sur le gazon de l’orangerie, un bruit de feuillage, comme celui d’une personne qui écarterait les branches pour se frayer un passage, vint distraire l’attention de Bonarmo, et Vivaldi demanda :

— Qui va là ?

Un long silence fut la seule réponse.

— Serions-nous observés ?