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Page:Radcliffe - L’Italien (trad. Fournier), 1864.djvu/207

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poignard qui sortait de dessous le rideau. À cette découverte, frappée d’une commotion terrible, elle ramassa l’arme et, toute tremblante, elle eut un instant l’intuition du vrai motif de la visite de Schedoni ; mais elle repoussa bien vite cette idée et se reprit à croire que Spalatro seul avait projeté de l’assassiner et que Schedoni, survenu pour l’arracher à la mort, avait sauvé sans le savoir sa propre fille, que le portrait lui avait fait ensuite reconnaître. S’attachant à cette conviction, le cœur d’Elena, plein de reconnaissance pour son libérateur, recouvra quelque tranquillité.

Pendant ce temps, Schedoni, renfermé dans sa chambre, était livré à des sentiments bien différents. Le premier trouble passé, dès qu’il fut en état de réfléchir, sa situation l’épouvanta. En persécutant Elena à l’instigation de la marquise, il avait menacé la vie de sa propre fille ! En conspirant la perte d’une victime innocente, c’était lui qu’il avait été sur le point de frapper !

Enfin, tout ce qu’il avait fait pour satisfaire son ambition tournait contre cette ambition même ; car une alliance avec l’illustre maison de Vivaldi était ce qui le flattait le plus au monde, et voilà qu’il s’était éloigné de ce but suprême en foulant aux pieds tous les principes de vertu et d’humanité ! Maintenant il désirait aussi ardemment cette union qu’il l’avait jusqu’alors combattue ; mais il fallait obtenir le consentement de la marquise. Il ne désespérait pas d’y parvenir ; si pourtant elle résistait, il serait toujours temps d’unir secrètement les deux amants. Il pensait d’ailleurs avoir peu de chose à craindre,