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Page:Radcliffe - L’Italien (trad. Fournier), 1864.djvu/211

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sur ce lit, et qu’un scélérat prêt à profiter de mon sommeil… c’est vous, oui, c’est vous qui… Ah ! puis-je oublier que c’est mon père qui m’a sauvé de ses coups !

À ce mot, la nouvelle émotion de Schedoni, pour venir d’une cause différente, ne fut pas moins violente. À peine fut-il capable de la dissimuler.

— Assez, ma fille, dit-il d’une voix sourde, assez sur ce sujet !

Et il se détourna, sans oser l’embrasser.

Elena, qui l’observait, continua d’attribuer cette agitation au souvenir du danger auquel il l’avait arrachée. Cependant, Schedoni, pour qui ses remerciements exaltés étaient autant de coups de poignard, l’avertit de se préparer à partir tout de suite et quitta brusquement la chambre.

Spalatro revint avec des chevaux mais sans avoir pu trouver de guide, et il s’offrit lui-même à conduire les voyageurs.

Schedoni, malgré sa répugnance pour cet homme, fut bien forcé d’accepter ses services. Tout étant prêt pour le départ, Elena descendit dans la cour ; mais, à l’aspect de Spalatro, elle se détourna avec effroi et se jeta dans les bras du moine.

— Ah ! s’écria-t-elle, quels souvenirs cet homme me rappelle : à peine, en le voyant, puis-je me croire en sûreté près de vous !

Et comme Schedoni ne répondait pas :

— N’est-ce pas lui, poursuivit-elle, n’est-ce pas cet assassin dont vous m’avez préservée ? Quoique vous n’ayez pas voulu me le dire dans la crainte de m’effrayer.