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Page:Radcliffe - L’Italien (trad. Fournier), 1864.djvu/212

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— Bien, bien, répliqua le moine, cela se peut ; mais le mieux est de n’en pas parler. Spalatro amène les chevaux.

Ils montèrent à cheval, et quittèrent cette fatale demeure en s’éloignant des bords de l’Adriatique. Bientôt, ils entèrent dans les sombres forêts du Gargano. La joie qu’éprouvait Elena d’avoir échappé à un danger si récent était fort troublée par la présence de Spalatro. Elle rapprochait toujours son cheval de celui de Schedoni et parfois, quand elle jetait les yeux sur la physionomie de son autre compagnon, son courage l’abandonnait, malgré toutes les raisons qu’elle avait de se croire sous la protection d’un père. Schedoni, perdu dans ses réflexions, ne troublait par aucune parole le silence des solitudes qu’ils traversaient. Quant à Spalatro, occupé à rechercher les causes du changement subit du moine qui protégeait maintenant Elena, après avoir voulu se défaire d’elle, il n’en méditait pas moins quelque moyen de se venger, dès qu’il le pourrait, du traitement qu’il avait subi la veille.

Une des principales préoccupations de Schedoni était la difficulté d’expliquer à la marquise pourquoi il n’avait pas rempli l’engagement qu’il avait pris envers elle et de l’intéresser en faveur d’Elena, sans laisser deviner qu’elle était sa fille. Il désirait et craignait à la fois cette entrevue. Il frémissait à l’idée de revoir une femme à qui il avait promis d’assassiner sa propre fille et qui allait lui reprocher de n’avoir pas tenu parole.

Tandis que nos voyageurs cheminaient en silence, les pensées d’Elena la ramenaient à Vivaldi et elle