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Page:Radcliffe - L’Italien (trad. Fournier), 1864.djvu/239

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— C’est dans l’église de San Lorenzo que j’ai vu pour la première fois Elena Rosalba.

— Était-elle déjà religieuse ? demanda le grand inquisiteur.

— Elle ne l’a jamais été, répondit le jeune homme, et n’a jamais eu la volonté de l’être.

— En quel lieu demeurait-elle alors ?

— Elle vivait avec une parente à la villa Altieri, et elle y serait encore sans les artifices et les violences d’un moine qui l’a arrachée de sa maison pour la jeter dans un couvent.

— Le nom de ce moine ? dit le questionneur d’un ton pressant.

— Si je ne me trompe, répondit Vivaldi, vous le connaissez fort bien sans que je le nomme. C’est le père Schedoni, dominicain du couvent de Spirito Santo à Naples, le même qui m’accuse de l’avoir insulté dans son église.

— Pourquoi le reconnaissez-vous pour votre accusateur ? ajouta la voix de l’inconnu.

— Parce qu’il est mon seul ennemi.

— Votre ennemi ? s’étonna l’inquisiteur. Mais, dans votre première déposition, vous avez dit que vous ne vous en connaissiez aucun. Je vous surprends en contradiction avec vous-même.

— On vous avait averti de ne pas aller à la villa Altieri, reprit encore l’inconnu. Pourquoi n’avez-vous pas profité de cet avis ?

— Cet avis ? C’est vous-même qui me l’avez donné ! s’écria Vivaldi. À présent je vous reconnais bien.

— Moi ! dit celui qu’on interpellait.

— Vous-même. C’est vous aussi qui m’avez prédit