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Page:Radcliffe - L’Italien (trad. Fournier), 1864.djvu/287

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avait souhaité et voulu son bonheur, le remords des chagrins qu’il lui avait causés excita dans son cœur des angoisses telles qu’il ne fallut rien moins pour les apaiser que le souvenir des traitements dont Elena avait été menacée à San Stefano.

Depuis trois semaines déjà que le marquis était à Rome, il n’avait encore obtenu aucune réponse décisive du Saint-Office, lorsqu’il fut invité par le tribunal à se rendre à la prison de Schedoni. Il lui paraissait bien pénible de se retrouver avec un homme qui avait fait tant de mal à sa famille, mais il ne pouvait se refuser à cette entrevue. À l’heure indiquée, on le conduisit d’abord à la chambre de Vivaldi et, de là, tous deux se rendirent à celle de Schedoni, accompagnés par deux officiers de l’Inquisition. À leur entrée, le confesseur, qui était étendu sur un lit, souleva la tête pour adresser un léger salut au marquis. Son visage, éclairé par le peu de lumière qui tombait au travers de la double grille de sa prison, avait une expression effrayante ; ses yeux caves, son teint livide, et tous ses traits affaissés portaient l’empreinte d’une mort prochaine.

— Où est, dit-il, le père Zampari ? Je ne le vois plus ici. Tout à l’heure on m’a fait communier avec lui… pour nous réconcilier, disait-on… Ah ! ah !

Il voulut rire, mais ce rire affreux ressemblait à un râle.

— S’il s’en est allé, qu’on le fasse revenir.

Un officier parla à une sentinelle qui sortit.

— Quelles sont les personnes que je vois autour de moi ? demanda Schedoni. Qui est là, au pied de mon lit ?