Page:Radcliffe - L’Italien (trad. Fournier), 1864.djvu/31

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à fuir. Mais Vivaldi, d’un geste suppliant, implora un moment d’entretien.

— C’est impossible, dit-elle d’une voix qu’elle s’efforçait de rendre ferme.

— Par grâce, reprit le jeune homme, dites seulement que vous ne me haïssez pas ! Dites que ma hardiesse, quand j’ose ainsi me présenter devant vous, ne m’a pas fait perdre tous mes titres à votre estime et à votre affection.

— Oubliez, dit Elena, oubliez ce que vous venez d’entendre.

— L’oublier ? Ah ! ne l’espérez pas ! ce chant que vous répétiez n’est-il pas un écho des sentiments que vous m’avez inspirés ? Ah ! le souvenir de ce doux moment sera, au contraire, l’éternelle consolation de ma solitude et l’espérance qui soutiendra mon courage.

— Assez, dit-elle, je ne me pardonnerais pas d’avoir prolongé un pareil entretien.

Malgré la sévérité qu’elle affectait, Elena laissa tomber sur le jeune homme un regard et un sourire qui démentaient ses paroles. Vivaldi voulut lui exprimer sa reconnaissance, mais elle avait quitté le pavillon et, comme il essayait de la suivre dans le jardin, elle s’échappa à la faveur de l’obscurité.

Dès ce moment, Vivaldi sembla vivre d’une existence toute nouvelle : le monde était devenu un vrai paradis, un séjour de délices et de félicité. Le doux sourire d’Elena avait laissé une impression ineffaçable dans son cœur. Au milieu des transports de sa joie, il défiait le sort de le rendre malheureux. Il revola plutôt qu’il ne retourna à Naples