Page:Radcliffe - L’Italien (trad. Fournier), 1864.djvu/32

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

, sans plus s’occuper du fâcheux personnage dont il avait reçu les avertissements. Il passa toute la nuit à se promener dans son appartement. Le bonheur l’agitait comme avait fait le doute quelques jours auparavant. Il écrivit et déchira plusieurs lettres, craignant tantôt d’en avoir trop dit et tantôt de n’en dire pas assez.

Vers le matin, cependant, il en avait écrit une dont il était plus satisfait, et il la remit à un domestique de confiance pour la porter sur-le-champ à la villa Altieri ; mais à peine celui-ci était-il parti qu’il se rappela une foule de choses qu’il avait omises et qui auraient bien mieux rendu ses sentiments ; il eût voulu ravoir sa lettre à tout prix. À ce moment on l’avertit que son père le demandait. Vivaldi se rendit près de lui, cherchant ce que le marquis pouvait avoir à lui dire. Le doute ne fut pas long.

Le marquis prit la parole d’un ton plein de hauteur et de sévérité.

— Mon fils, dit-il, j’ai voulu vous entretenir d’un sujet de la plus grande importance pour votre bonheur et pour notre honneur à tous et, en même temps, vous fournir l’occasion de démentir un rapport qui me causerait beaucoup de peine si je pouvais y ajouter foi. Mais j’ai trop bonne opinion de mon fils pour admettre un instant ce qu’on m’a dit de lui ; j’ai même pris sur moi d’assurer que vous connaissiez trop bien vos devoirs envers votre famille et envers vous-même pour vous laisser entraîner à une démarche déshonorante. Je ne veux donc aujourd’hui que vous mettre à même de réfuter les calomnies dont vous êtes l’objet, et me voir autoriser par vous-même à